mercredi 21 mars 2007

Père Paul de Moll OSB (1824 - 1896)

François Luyckx naquit le 15 janvier 1824, en la fête de saint Maur, disciple de saint Benoît, à Moll près d'Anvers, un petit village sans histoire où les solides paysans flamands vivaient du produit de leur travail. Le garçonnet fut un enfant docile et pieux, qui, à l'âge de cinq ans, disait à son entourage:
- Quand je serai grand je vivrai de l'amour de Dieu et pour l'amour de Jésus!
Il fréquenta l'école élémentaire, puis se joignit à ses frères et soeurs pour aider les parents au travail des champs. En 1842, une mission prêchée par un père franciscain lui fit comprendre que le Christ l'appelait à lui: François demanda à ses parents la permission de se consacrer à Dieu, et les braves laboureurs décidèrent de favoriser cette vocation. Ils envoyèrent leur fils au collège de Ghell, pour qu'il y achevât sa formation: François avait alors 18 ans et, tous les jours, il fit les 6-7 kilomètres de son village au collège, sous la neige et la pluie, comme sous le soleil brûlant. Son âge lui valut aussi parfois quelques humiliations, qu'il recevait avec joie et sérénité.
Enfin, il fut admis chez les Bénédictins à Dendermonde, le 24 août 1848: novice exemplaire, calme et très observant, il prononça ses voeux en 1849, le 30 septembre. Dès lors, il se consacra à l'étude des matières indispensables pour accéder au sacerdoce et réaliser son désir d'être tout à Dieu. La théologie, la philosophie, le latin etc.... ne l'empêchaient pas de rester très fervent.
A cette époque, il tomba gravement malade et fut obligé d'envisager le départ du monastère. Sans peur, sans trouble, il se remit au Seigneur, à la Vierge et à saint Benoît, leur confiant sa vocation. Une nuit - alors qu'il priait- sa cellule fut éclairée par tout un bouquet de vives lumières, et il vit s'avancer une mangifique compagnie: le Seigneur, la Vierge Marie à côté de lui, puis saint Joseph, saint Benoît et toute une escorte d'anges en prière. Se penchant sur lui en souriant, la Vierge lui prit la main, tandis que très doucement Jésus lui disait en le bénissant:

- Sois guéri! Tu dois vivre à pésent pour la consolation d'un grand nombre. Je t'accorderai ce que tu me demanderas pour les autres.

La radieuse apparition s'estompa alors, et François se retrouva guéri. Il put faire profession et on le nomma Paul. Il fut envoyé en Italie, à Parme, à la fin de l'année 1855, pour y acherver ses études. Et le 21 novembre 1858, il fut ordonné prêtre.
Dès 1859 il était de retour à Dendermonde, et on lui confia un ministère auprès de la population rurale: confessions et prédication. Très vite, avec leur bon sens terrien, les paysans comprirent qu'un saint, une âme d'élite, leur avait été donné, et la chapelle du monastère ne désemplit pas. Père Paul était bon et toujours disponible, et il connaissait si bien la vie des champs, les travaux ruraux, les multiples problèmes des paysans. Et puis, et puis... il semblait bien qu'il avait un don peu ordinaire pour confesser, pour conseiller, comme s'il lisait dans les âmes! De fait il lisait dans les consciences, scrutait les coeurs à l'occasion de toutes les rencontres, savait rassurer, consoler, conseiller, mais aussi fouiller les âmes et retrouver les fautes que l'on cachait, détecter toute tentative de fraude au tribunal de la pénitence, voir ce que l'on tentait de lui celer. Son confessionnal à Dendermonde fut vite assiégé, non seuelement par la population locale, mais encore par des personnes venues d'Anvers, de Bruges, de toute la Belgique. Et le Père faisait des miracles, il guérissait! Il se révélait, à ses contemporains surpris et ravis, comme un saint, un autre curé d'Ars! Ses frères en religion avaient pour lui une grande estime et un profond respect car il en imposait, non tant par ses miracles et tout ce que l'on racontait de lui, mais par sa vertu: pieux et remarquablement observant, très marial, il priait sans cesse, remplissait à la perfection ses charges, témoignait véritablement auprès de tous de cet amour divin auquel, tout enfant, il voulait se livrer. Ses supérieurs l'envoyèrent en 1869 à Afflighem, avec un excellent compagnon, frère Bavo: ils restaurèrent à grand renfort de travaux et de peines le monstère: tombé en ruines, le bâtiment devint si beau qu'on en fit une abbaye. Là encore, le Père Paul se montra un prodigieux thaumaturge. Il guérissait par une simple bénédiction, ou en donnant une médaille de st Benoît à qui il recommandait tout ce qu'il faisait. Jamais, durant toute sa vie, il ne parla de ces guérisons et de ces miracles, sinon pour les attribuer à son Père st Benoît, dont il propagea la dévotion. Et c'était, comme les témoignages les plus irrécusables en fournissent la preuve, une pluie de guérisons: aveugles retrouvant la vue, paralytiques rendus au mouvement, femmes stériles mettant au monde des jumeaux etc....
Un jour, la Vierge Marie lui apparut, triste et silencieuse, portant l'Enfant-Jésus qui pleurait. Le saint prêtre demanda la cause de ces larmes, la Mère de Dieu répondit:

- Mon Fils pleure parce que les prêtres ne parlent pas assez de l'amour de Dieu et de la passion de Jésus-Christ.

Très ému, Père Paul promit à la Vierge de faire de ces deux sujets le thème unique de sa prédication dès cette heure. Alors l'Enfant-Jésus lui sourit, se blottit contre sa Mère et l'ambrassa.
En 1876, Père Paul revint à Dendermonde, où ses frères et la population l'accueillirent avec joie.... Les guérisons spectaculaires se poursuivirent, avec, de surcroît, divers autres prodiges: multiplication de vivres chez des pauvres, don de prophétie que les âmes pieuses expérimentaient à leur profit, etc...
La charité du Père Paul était prodigieuse, et, chose très significative, elle s'exerçait surtout au profit des âmes simples et pures: Dieu le voulait! Le Père obtenait des grâces de guérison surtout pour les enfants, il évitait la conscription militaire et tous ses ennuis aux jeunes gens honnêtes et qui surtout ne juraient pas, leur faisant tirer des numéros favorables.
Son humilité aussi était prodigieuse: lorsque vint le jour de son jubilé sacerdotal, la communauté n'y pensa pas. Peu après, le Père Abbé s'excusa mais le bon Père lui répondit que c'était très bien ainsi et qu'au moins on avait évité les dérangements et la fatigue au monastère. Il se considérait comme le pire des pécheurs et faisait prier pour lui. Il arriva qu'il obtînt aux âmes qu'il dirigeait des faveurs du Ciel assez remarquables: à l'une de ses pénitentes, très fervente du chemin de Croix, il obtint la constante vision de la Sainte-Face dans l'Eucharistie. A une autre, il envoyait de ravissants oiseaux de race inconnue la prévenir par leurs chants qu'il arrivait pour la rencontrer. Ces oiseaux du ciel disparurent, à l'heure de sa mort, puis revinrent plus tard quand la jeune fille, une humble servante, obtint un cadre avec le protrait de son Père spirituel.
Père Paul fonda encore un monastère non loin de Bruges, à Steenbrugge, en 1878 et y resta neuf ans, tout adonné à une pastorale féconde et marquée comme partout ailleurs de signes extraordinaires. Il finit par revenir à Dendermonde, où il termina sa vie dans une prière continuelle, s'occupant encore de saintes âmes qu'il dirigait: des béguines, des dames de la Cour, des paysanne, desservantes. Il mourut sereinement au terme d'une longue maladie, le 26 février 1896, en disant: Mon Jésus! Pendant sa maladie, il se rendit encore en bilocation auprès d'âmes pieuses qui avaient besoin de sa direction! Sa tombe reste, à l'heure actuelle, le but de nombreux pèlerinages: on y a obtenu de nombreuses grâces de guérison.

Soeur Anne-Marie

"Rosa Mystica", Mars-Avril 1980, Centre Bethania, Chaussée de Waterloo, 25, B-5000 Namur.

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